Quel avenir pour la ressource en eau du territoire ?

Le changement climatique s’accélère et génère de nombreuses interrogations sur l’avenir de la ressource de nos territoires, sa disponibilité, l’évolution de ses usages, nos modes de vies,  la biodiversité, etc., et sur les stratégies et démarches d’adaptations à mettre en œuvre dès maintenant…

Cette année 2024 a vu l’aboutissement de 3 années d’un travail coordonné par l’INRAE & l’OIEau  (projets Explore2* et LIFE Eau&Climat) consistant à la prise en compte d’un nombre inédit de données, notamment celles issues des dernières publications du GIEC, pour construire de nouvelles projections hydro-climatiques à une résolution spatiale particulièrement fine (8x8km – maille SAFRAN).

L’Etablissement Public Loire a récemment exploité ces données dans le cadre du volet « climat » d’une étude dite "HMUC".  Cette étude* précise les projections climatiques et hydrologiques sur nos bassins aux horizons 2040-2070, puis 2070-2100 selon différents narratifs d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre. Cela a été réalisé à partir d’une sélection de modèles jugés comme pertinents pour le territoire, avec l'expertise de spécialistes, d'une concertation avec les acteurs locaux, et de la prise en compte des données climatiques et hydrologiques historiques locales les plus fiables.

Choix des modèles climatiques utilisés par l'analyse prospective du bassin du Cher (illustration antea group)

Illustration de la mise en relation des modèles "climat" et "hydrologie" sur le bassin du Cher (illustration antea group)

Les résultats

La température

On observe un réchauffement très marqué sur le bassin Yèvre-Auron, de l’ordre de +19,5% (+2,1°C par rapport à la moyenne actuelle) à l’horizon 2040-2070 dans le cadre d’un scénario de stabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES) avant la fin du 21ème siècle (RCP4.5), mais avec une très nette accélération en fin de siècle (2070-2100) dans un contexte de narratif pessimiste (trajectoire d’émissions GES), ou la température augmente alors de +42,9% (+4,8°C).

L’évapotranspiration liée aux températures augmente sensiblement, davantage sur le bassin Yèvre-Auron que sur le reste du bassin du Cher, de 13,9% à 14,8% (2040-2070) avec une nette augmentation en fin de siècle selon les modèles et scénarios

Résultats de la médiane "multi-modèles" et rapport à la référence historique des bassins (illustration antea group)

La pluviométrie

Si les cumuls pluviométriques évoluent peu annuellement (+3,2 à +7,4% selon les scénarios, de 2040 à 2100), certains modèles (ou couples de modèles) projettent de très nettes différenciations saisonnières : « très humide » au printemps à « très sec » en été.

Résultats sur l'évolution des cumuls pluviométriques (illustration antea group)

Les débits des cours d’eau (hydrologie)

Les tendances des débits dépendent notamment des paramètres climatiques de contrôle précités : température, évapotranspiration et pluviométrie.

Les régimes annuels évoluent, peu voir augmentent légèrement, mais les évolutions mensuelles et saisonnières sont, elles, très marquées, avec des décalages selon les modèles. D’une façon générale, nous observons une augmentation des débits hivernaux et printaniers, et une diminution, parfois très marquée, des débits en période estivale. Les impacts du changement climatique sont particulièrement importants sur les débits estivaux des rivières du bassin Yèvre-Auron par rapport au reste du bassin du Cher : -38,8% (2040-2070) à -54,2% (2070-2100) des débits d’étiages (VCN3 – RCP8.5).

Variabilité des projections selon les narratifs (couples de modèles) (illustration antea group)

Résultats pas bassins par médianes des modèles (illustration antea group)

(illustration antea group)

Précisions géographiques des régimes d'étiages par médiane des modèles (illustration antea group)

Ces analyses, qui se concentrent sur l’enjeu « quantitatif de la ressource », sont à mettre en perspective des conséquences météorologiques, physiques, chimiques et biologiques associées au changement climatique pour se rendre pleinement compte des évolutions et impacts à venir : augmentation des évènements pluviométriques et caniculaires remarquables, risques d'échaudages de cultures, concentrations des polluants en périodes de stress hydrologiques, fragilisation du bâtit par les phénomènes de retraits-gonflements des argiles, etc.

Les données de cette étude seront prochainement accessibles pour tous, associées à des fiches de synthèses vulgarisées, à l’échelle des différents sous-bassins du Cher.

*Explore 2 intègre de nouveaux couples de modèles climatiques et hydrologiques, une meilleure estimation des incertitudes, plus de 611 sites de références hydrologiques et 227 sites hydrogéologiques pris en compte pour le calage des modèles, plus de 4000 points de simulations en France (hydrologie, hydrogéologie)

*Travail porté par l’Etablissement Public Loire, conduit par les SAGE Cher amont, Cher aval, Sauldre et Yèvre-Auron, dans le cadre de l’analyse HMUC Cher, avec comme prestataire « Antea Group ».