Eloge de la nature ordinaire autour d’une friche communale, en cours d'étude par le SIVY
C’est dans le cadre d’un stage (BTS Gestion de Protection de la Nature que réalise actuellement Mme Anne-Mélanie ROYANNEZ) que le SIVY accompagne la municipalité d’Aubinges au cours de l’année 2024, pour définir un avenir plus écologique et accueillant à une ancienne peupleraie communale bordée par la rivière du Colin, vaste friche de 2,5ha exploitée en 2019, où l’expansion des ronces et des rejets de peupliers motivent désormais l’indifférence.
Et pourtant, après quelques années d’une nouvelle dynamique naturelle (sans replantation ni gestion), ce site, dont l’histoire de son artificialisation est typique de nos fonds de vallées (défrichages/arrachages des haies, drainages, rectifications des cours d’eau, tassements, …), présente une certaine mosaïque d’habitats, une biodiversité en expansion et de nombreuses fonctionnalités écologiques aussi indispensables qu’ordinaires.
C’est à travers le développement d’un projet de restauration, de gestion minimale, et de valorisation, que le SIVY tente de changer les regards sur ce type de milieu, représentatif de nombreux autres sur le territoire.
Rencontres (avec élus, riverains et agent communal), analyse historique du site et des usages du bassin versant, inventaires floristique et faunistique, sondages pédologiques, mesures topographiques et débitmétriques… , ces différentes analyses permettent une compréhension complète du site, pour identifier ses enjeux, lui fixer des objectifs et proposer des scénarios d’interventions, en concertation avec la municipalité.
Le site d’Aubinges est l’exutoire d’un bassin de 120ha, majoritairement agricole (65% de sa surface), drainé par un petit ruisseau d’environ 2km de long, qui alimente 5 petits plans d’eau construits à partir des années 1970. Les dernières rectifications du ruisseau remontent à la deuxième campagne de remembrement réalisée dans les années 1980, période qui a également connue l’arrachage de nombreux linéaires de haies sur le secteur. En aval, le ruisseau traverse l’ancienne peupleraie communale plantée dans les années 1990, pour rejoindre le Colin, après avoir été rejoint par un fossé drainant, la peupleraie étant elle-même drainée par un fossé en fond de vallée (voir cartographie)...
L’expertise du site fait ressortir 5 à 6 unités écologiques/habitats différents, parmi lesquelles 3600m² de surface caractérisée en « zone humide », un milieu ouvert à cirse commune (1000m²), un taillis dense de rejets de peupliers et fourré de ronces, avec des surfaces en phases de diversification (20 000m²), une mare temporaire... . Le sol argilo-limoneux est profond et relativement sain pour une certaine capacité épuratrice et une pédofaune importante.
L’Orme lisse, l’Aulne glutineux et le Frêne commun forment un rideau rivulaire intéressant au bord du Colin. L’Epilobe hirsute, l’Eupatoire chanvrine ou encore l’Iris pseudacorus… forment le paysage de la zone humide. Des oiseaux, amphibiens, odonates, dont l’Agrion de mercure (espèce protégée), et des dizaines d’espèces d’insectes ont été observés sur le site, qui fera donc l’objet d’une gestion qui lui permettra d’accroitre ses fonctionnalités naturelles et toute sa biodiversité, et lui donnera une toute nouvelle identité…
Les interventions permettront notamment de rehausser la nappe en limitant l'impact du fossé drainant, et d'appliquer des méthodes de fauches, de sélections, voir de définir des zones de "non intervention", permettant de maintenir ou d'accompagner les différents habitats.
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