Point sur la ressource du bassin de l'Yèvre (août 2022)

Le SIVY suit attentivement l'évolution des milieux aquatiques du bassin, selon des observations et mesures terrain, ainsi qu'à travers son implication au sein de la cellule de l'eau de la Préfecture, réunissant plusieurs acteurs du suivi et des usages de l'eau, à l'échelle départementale.

Dans le contexte de l'évolution climatique particulièrement rapide, il est important d'évoquer une récente "mise à jour" des données Météo France, concernant la période des "références/normales", toujours mesurée sur 30 ans (précipitation et température), qui s'étalait jusqu'à présent de 1981 à 2010, et qui s'évalue dorénavant sur la période de 1991 à 2020. Cette mise à jour fait ainsi évoluer les moyennes, par exemple, de +0,4°C et de -5mm annuelle de précipitation pour la station de Bourges.

La situation hydrologique des cours d'eau est très préoccupante et suit la tendance générale connue de tous à l'échelle nationale, avec des précisions locales suivantes : le mois de juillet est le 8ème mois le plus sec dans le Cher depuis 1959 (record en 2016), un déficit mesuré de 91% (sur la normale mensuelle de juillet) à Avord. C'est le mois de juin et ses nombreux orages (+ 151% des précipitations mensuelles sur les normales de juin, très inégalement réparties sur le département et le bassin de l'Yèvre, avec des précipitations très fortes sur le bassin du Moulon et Vierzon), qui est le seul mois depuis janvier à être excédentaire, ces pluies ont notamment permis de retarder un stade critique amorcé sur les cours d'eau depuis cet hiver, avec le retour provisoire de l'écoulement sur quelques linéaires qui s'asséchaient dès les mois d'avril-mai.

Données Météo France - Rapport à la normale cumul pluviométrique

Côté température, la première partie de l'année (janvier à juillet) est 2ème plus chaude depuis 1947 sur le département du Cher (1ère place en 2020).

Actuellement, la nappe du Jurassique supérieur reprend un cycle de vidange après une recharge relative à la faveur des précipitations de juin (voir graphique), son niveau actuel atteint la quinquennale sèche. Les débits des cours d'eau comme l'Yèvre atteignent actuellement des valeurs d'étiages sévères, mais qui se maintiennent plus tardivement, comparativement à d'autres bassins voisins (Arnon, Cher, ...), avec un débit de 1,8m3/s sur l'Yèvre en aval de Bourges le 3 août. De nombreux cours d'eau s'assèchent progressivement en tête de bassin, avec encore parfois des marques d'humidités récentes (Bondonne, Marsiauge, Douée, Villabon, ...), annonçant la poursuite de l'abaissement des débits sur les cours d'eau plus en aval.

Situation de la Nappe du Jurassique supérieur (Champagne Berrichonne)

Il est important de noter des singularités très locales en termes d'écoulements, selon les confluences et la situation hydromorphologique des cours d'eau (connexion à leur nappe alluviale d'accompagnement, proximité de zones humides ou drainage des parcelles environnantes, ...). Ainsi, l'Yèvre s'assèche depuis les plaines agricole de Baugy jusqu'en aval de la commune d'Avord-Farges-en-Septaine, avant de retrouver un écoulement généralement pérenne, au bénéfice des confluences du Villabon, de l'Airain, de l'Ouatier et du Colin, les débits de l'Yèvre mesurés le 3 août atteignent 500l/s à Saint-Germain-du-Puy, la configuration anthropique de l'Yèvre, qui se sépare en plusieurs bras en amont de l'agglomération berruyère (Canal de dessèchement/Voiselle, Yèvrette, ...), ainsi que l'impact d'ouvrages et d'infiltrations, affaiblissent le débit de l'Yèvre à seulement 19l/s à l'entrée des Marais de la Voiselle (voir photos ci-après), un débit qui sera insuffisant pour compenser les pertes liées aux infiltrations diffuses, à l'évaporation et à l'évapotranspiration, et ne permet donc pas de maintenir le tirant d'eau des Marais du haut.

Suivi l'évolution des débits d'une section de "fuites" de l'Yèvre en amont de Bourges, ayant fait l'objet de travaux de colmatage en 2021 :

Accès au réseau ONDE (observatoire des étiages / assecs) : https://onde.eaufrance.fr/

Accès à la cartographie interactive sur les arrêtés sécheresses en vigueurs : Cartographie interactive Cher, 18

Données DREAL Centre Val de Loire - débits des derniers jours et seuils des arrêtés sécheresses

Suivi général des stations Loire-Bretagne : http://www.donnees.centre.developpement-durable.gouv.fr/debits_rivieres_bassin_LB/Suivi_Etiage.pdf

Côté usages :

Les cultures : la situation est variée mais globalement favorable aux Tournesols, ainsi qu'aux Maïs qui ont pu bénéficiés des précipitations de juin à un stade de croissance nécessitant d'importants apports d'eau. Le stade est actuellement au remplissage de grain avec de premières moissons prévues mi-août.

l'eau potable : de fortes inquiétudes sont évoquées selon la situation des 84 forages dédiés à cet usage, sur le département, ces captages disposent, selon les cas, de solutions de secours parfois absentes ou partielles. La ressource issue de la Loire (SMERSE), qui complète et sécurise l'alimentation de nombreux territoires, n'est également plus considérée comme aussi durable qu'avant, avec des prédictions hebdomadaires alarmantes et de fortes interrogations sur l'affaissement de la nappe du fleuve. La situation des captages d'eau potable est ainsi considérée avec 2 mois d'avance par rapport à 2019 qui faisait jusqu'à présent référence.

Prospection de l'Yèvre à Avord (SIVY - HydroConcept) le mercredi 3 août
Mesure de débit de l'Yèvre en amont de Bourges (Fenestrelay), le 3 août
Le ruisseau de Valentigny, affluent de l'Ouatier, aux Aix d'Angillon, le 2 août
Barrage et prise d'eau d'un plan d'eau sur l'Annain à Vasselay, préjudiciable pour la qualité des écoulements de la rivière
Zone humide fonctionnelle, aux abords de l'Annain à Berry-Bouy, ces espaces qui restent verts et humides, sont indispensable pour soutenir les débits des rivières en période estivale. (cliché pris le 1er août 2022)

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